Nous devons procéder à une vérification des représentations que vous avez de vous même John. Pouvez vous vous décrire physiquement ?

Regarde moi et tu le sauras ! Il détourna la tête d'un air dédaigneux.

Allez John faites un effort. Vos cheveux...

Il se leva brusquement. Arrêtez de me prendre pour un gars qu'a perdu la boule putain ! J'dois faire quoi pour qu'on me croie ? Relacher ce foutu démon sur vous ?
Il eut un tremblement qu'il maitrisa difficilement. Il souffla pour essayer de le calmer.
Je vais essayer de jouer votre jeu à la con. Il prit un air sarcastique et une petite voix « j'ai les cheveux blonds et les yeux bleus. J'suis mal rasé et... ahhh merde c'est dommage pour vous j'crois que j'ai plus envie de dire des conneries qui servent à rien à un vieux schnok moisi dans son fauteuil. Allez on se revoit en enfer mon pote. Il s'avança et donna une tape sur l'épaule du psy, puis se dirigea vers la porte du cabinet, lui tournant le dos.
Le psy se leva calmement et pria John de se rasseoir.

Écoutez John. Vous savez aussi bien que moi pourquoi vous êtes ici. Je sais que vous voulez vous en sortir. Pourquoi ne pas commencer maintenant ?

John se retourna vers le bureau.Il jouait avec son briquet et regardait ailleurs d'un air nonchalant.
Il soupira.

Le psy regarda le vieux trench coat qui semblait avoir des siècles reposer sur un fauteuil moelleux.John n'était pas un homme soigné : chemise trop grande pour lui, à peine blanche et cravate mal nouée pendant sur son ventre quasi inexistant. Un aspect miteux. Toujours mal rasé, cheveux à peine propres. Il puait la rue et la cigarette.

Vous avez fini de m'observer comme une pute en chaleur ?

John, je vous rappelle que cet entretien a un but strictement professionnel.

Il essaie l'humour...

Comment vous décririez vous d'un point de vue psychologique, John ?
Il émit un ricanement. Tout ce sarcasme était triste à voir et cachait une grande souffrance. Mais le psychiatre voulait approfondir ce point plus tard.

J'suis un raté, un looser... Faut pas trainer avec moi, j'porte la poisse, balança-t-il avec un sourire incisif.

Je comprends que ce qui est arrivé vous a beaucoup touché, mais vous n’êtes pas responsable de...

Beaucoup touché ? Putain de bordel de merde...C'est ma faute putain ! J'suis qu'un raté c'est pour ça que j'ai rien pu faire d'autre contre ce démon...

Ce démon ? L'agresseur ?

Non le putain de démon qui a tué la petite fille par ma faute !

Écoutez, si vous voulez bien me raconter ce qu'il s'est passé...
Le psy notait : impulsif, vulgaire, sarcastique, victime de délire paranoïaque et fantastique chronique, solitaire, agressif, mélancolique...

John tremblait. Il avait arrêté de jouer avec son briquet qu'il avait lâché. Ses yeux se révulsèrent et il tomba à terre. Le psy se précipita sur lui. John, JOHN !
Il bipa 3 infirmiers psychiatriques.
Constantine réussit à dire «  ce ne sont pas vos foutues questions qui vont sortir ce démon de mon corps ! Vous me croirez quand j'aurai assassiné tout l'asile ? Il hurla de douleur. La sueur coulait à grosses gouttes sur son front. Il est fort, j'ai du mal à le contenir...
Les infirmiers arrivèrent avec des sédatifs et plongèrent John dans le sommeil.

Mettez le dans l'unité -1 et assurez vous qu'il ne puisse pas bouger.

John !

Il ouvrit les yeux difficilement. Il ne sut dire combien de temps s'est écoulé depuis... Depuis ? Les infirmiers sont rentrés, et puis plus rien... Perdu dans ses pensées, John fut surpris d'entendre une voix.
Une voix qu'il ne connaissait que trop bien. Son « ange gardien » Manny se tenait devant lui. Et... Il n'avait pas l'air très content.

Maman est venue gronder son fiston ?

Manny soupira. A quoi tu joues, John ?
Il ignora la question de l'ange et grogne « fais moi sortir d'ici »

A QUOI TU JOUES JOHN ??! il haussa la voix.

Ce n'est pas un jeu, Manny ! J'allais laisser le démon massacrer d'autres gens ??

Tu sais aussi bien que moi ce que tu as sacrifié en enfermant le démon dans ton corps ! Le salut de ton âme-

Ne me parle PAS du salut de mon âme bordel ! J'ai sacrifié ce que tu as été incapable de sacrifier !
Je t'ai demandé de l'arrêter ! De la sauver ! Et tu sais ce que tu as fait ??!

Arrête John, tu connais les règles-

Putain de règles !

Je n'ai pas le droit d'interférer-

Il hurla. Il avait l'impression que quelque chose allait sortir de son corps. Le démon ? La fureur ? Sa propre foi ?

Putain si t'es la rends toi utile!!Sors moi de la ! Si même un ange ne peut rien pour nous... Il se tut un instant et regarda Manny d'un air grave.

Je les ai vus, Manny... Quand il est rentré... Il n'aurait jamais pu traverser... Il y a quelque chose qui arrive, qui le, qui les rend plus forts...

Manny regardait John se tortiller dans le lit sans réussir à se dégager.
A cet instant il lui semblait que John avait passé sa vie entière ainsi, à se battre ; à lutter contre des choses qu'il n'avait pas voulues.
Mais dans le passé il avait retourné cette rage contre lui même en commettant une tentative de suicide.
Cette fois, Manny avait bien cru que son boulot était terminé, mais John avait, on ne sait comment, remonté la pente au fil du temps. Il était devenu une référence dans le monde de la magie, dans le cercle des mystiques... Manny pensait alors qu'il avait enfin réussi à sublimer sa vraie nature. Mais cet accident arriva et il se tenait ici, devant lui, à regarder sa souffrance sans pouvoir rien y faire.

Il murmura « ne perds pas ta foi, John » et il s'envola, le laissant seul.

Constantine hurla « MANNY !!! »

Il avait tourné la tête sur le matelas.Son cœur battait à tout rompre pendant qu'il fermait les yeux et ouvrait son esprit.Il ne pouvait pas faire confiance à Manny. Il ne pouvait pas faire confiance à Dieu. Il ne pouvait pas mettre en danger ses rares amis comme il venait de le faire lors de l'exorcisme.

Tout était très clair dans son esprit.

Il allait lutter. Seul.

Mais pour cela, John devait sortir le démon de son corps. Ce qui voulait dire s'échapper d'ici. Il connaissait quelques sorts élémentaires pour se libérer de ses entraves. Il pouvait aussi utiliser un charme pour faire croire aux gardes qu'il était toujours la... Ou manipuler leurs esprits pour les empêcher de lui injecter des sédatifs. Il connaissait des centaines de formules par coeur dans plusieurs langues. Mais pour beaucoup de ses sorts il avait besoin d'objets très particuliers.
En entrant dans l'asile il avait senti une présence spectrale. Elle semblait habiter les bâtiments depuis toujours. Peut être que cette entité saurait où sont les passages secrets.
Il devait contacter ses amis à l'extérieur.

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